CHARLIE DANIELS: Beau Weevils (2018)


Charlie Daniels, ce grand monsieur du rock sudiste de 82 ans, a toujours bon pied bon œil, avec en prime une voix qui ne vieillit pas, et porte haut musicalement les valeurs du vieux sud avec panache et persuasion. Il le démontre encore une fois sur ce dernier album très vivifiant. Charlie nous avait fait trotter et galoper avec des "cowboys songs" sur le précédent album de 2016 "Night hawk". Là on change de monture car sur ce "Beau Weevils" élaboré de dix titres, la musique se développe sur des rythmes plus sudistes très aguicheurs, à la fibre "swamp". Il faut dire que Charlie Daniels a eu la riche idée de nouveau s'acoquiner avec le producteur/batteur louisianais James Stroud qui avait contribué à la production des albums "Simple Man", "Renegade", "Homesick Heroes" de Charlie Daniels, mais a aussi travaillé avec des artistes comme Paul Davis, et battu la mesure au sein du Marshall Tucker Band. Charlie nous gâte encore avec aussi l'ultime trouvaille de recruter Billy Crain, un maitre de la six cordes qu'on ne présente plus, comme son frère Tommy décédé en 2011 qui officia 15 ans avec le C.D.B. : quelle plus belle consécration pour Billy Crain que d'être aux côtés de Charlie Daniels?  La rythmique est constituée du fidèle Charlie Hayward (basse) et du producteur/batteur James Stroud. Le démarrage s'effectue par "Geechi Geechi Ya Ya Blues", ensorcelant "swamp" du bayou bien saccadé où le bottleneck de Billy Crain s'épanche avec éloquence, avec de la part de Charlie quelques mots en français régional louisianais/cajun. Arrive "Bad Blood", du classique "Southern Rock" bien stylé Charlie Daniels qui perpétue la tradition, puis on pousse la porte de la cantina, vamos téquila, où retentit un "Mexico Again " du plus bel effet. Retour en Louisiane avec "Louisiana Blues", moment enchanteur de coolitude avec des notes de guitares jazzy, la voix traînante de Charlie prend un côté qui lorgne sur le "Night Tripper" Dr John, puis glissando de slide royal pour les oreilles sur le vibrionnant "Oh Juanita", avec à la suite deux "swamp boogies" à taper du pied sur "Smokey's Got Your Number" et "Mudcat". Le père Charlie prend enfin son violon pour nous séduire en note bleue sur "Everybody's Gotta Go Sometime", tandis que la loquacité guitaristique de Billy Crain illumine les deux boogies de fin, "Well All Have Some" et "How We Roll" sur cet album qui tient sacrément la route : comme le bon vin la musique de Charlie Daniels se bonifie avec l'âge.
Jacques Dersigny